C'est le cirque !
Pour mystifier son très honorable compère,
Le Clown Blanc s'est vêtu des nippes de l'Auguste.
Il ne porte plus son costume de lumière
Mais conserve sa morgue de Dom Saluste.
Sortant magiquement de la pénombre, il entre
Par la porte curieusement placée au centre
De la piste. Seul les plus avertis
L'ont reconnu sous son nouvel habit
Au chambranle appuyé, il attend sa victime.
Elle ne tarde pas, vient à grand renfort de bruits,
Et, quand le vrai Auguste tire la porte à lui
Une autre s'ouvre en face où le clown blanc le mime
Si bien que l'Auguste, berné, semble se voir
Dans l'eau trompeuse d'un véritable miroir.
Il a beau se baisser, changer toujours de place
Comme un parfait reflet dans une glace,
L'autre à la perfection imite tous ses gestes,
Lents quand il le faut et soudainement prestes.
Mais la supercherie est bientôt découverte
Quand l'Auguste, naïf, par la porte entrouverte,
Souffle une haleine qu'on devine bien avinée
Pour nettoyer une très hypothétique tache,
Le Clown Blanc croit utile de froncer le nez.
Les deux clowns furieux, alors se fâchent.
Autour de la porte, pour une bastonnade,
Ils se poursuivent. Plaisante pantalonnade!
La lumière qui s'éteint met fin à la bagarre
Sous la musique tonitruante de la fanfare.